STYLE & SILHOUETTES


  • Foulard, Fétiche et Féminité

    C’est un accessoire un peu oublié ces dernières années, mais qui refait surface grâce à l’icône phare de la mode Hailey Rhode Bieber, aperçue dans les rues de Los Angeles avec une casquette fixée à l’aide d’un foulard. Ce look ultra-branché n’a pas échappé aux maisons de couture, qui s’en sont emparées pour le faire revivre avec modernité et style dans leurs dernières collections.

    Si l’on pensait à un simple effet de mode saisonnier l’année passée, il n’en est rien : le foulard sera toujours d’actualité cet hiver 2025/2026. Les silhouettes du dernier défilé Gucci ou Prada le confirment : l’accessoire vedette s’impose, noué, drapé, enroulé, sublimant les tenues les plus pointues.

    Cet élégant morceau de tissu, autrefois omniprésent sur les podiums, réveille nos envies de coiffures à la Jackie Kennedy, avec ou sans casquette. Il est aussi l’occasion rêvée de recycler nos chutes de tissu et de s’offrir un projet couture aussi simple que tendance.

    Retour sur l’histoire de ce carré de tissu qui a habillé les siècles sans jamais vraiment disparaître.

    foulard turban bandeau

    CHRONIQUE HISTOIRE / MODE


    « Le foulard : le carré de soie qui traverse les siècles »

    Parfois noué avec grâce, parfois imposé avec rigueur, tantôt coquetterie discrète ou revendication éclatante, le foulard est de ces accessoires qui racontent l’histoire des femmes sans jamais parler. Dans cette chronique, on remonte le fil du temps pour suivre la trajectoire de ce petit carré de tissu qui n’a jamais cessé de signifier beaucoup, sans jamais dire un mot.

    Début d’histoire : quand couvrir devient se distinguer

    À l’Antiquité, le foulard n’est pas un caprice de mode, mais une marque sociale. En Égypte comme à Rome, les femmes des hautes sphères se couvrent d’étoffes soigneusement drapées. La « palla » romaine, par exemple, signale qu’une femme est mariée. Les cheveux voilés deviennent donc langage silencieux de respectabilité.

    Entre vertu et vertige religieux

    Au Moyen Âge, couvrance rime avec dévotion. Dans les traditions chrétiennes comme musulmanes, le voile ou le foulard prend racine dans la morale. Cacher sa chevelure, c’est protéger son honneur. Mais attention : chaque pays, chaque époque, chaque texte réinvente le geste. Le foulard n’est jamais uniforme, toujours contextualisé.

    Quand la pudeur flirte avec l’esthétique

    De la Renaissance aux siècles classiques, le foulard s’orne, s’adoucit, se brode. Il se glisse dans les coiffures, se parfume parfois. La femme se couvre, oui, mais avec style. L’accessoire se charge alors d’élégance autant que de fonction.

    19e siècle : la soie s’invite dans les dressings bourgeois

    Avec l’essor de la soierie et l’industrialisation, le foulard devient objet de désir. Il se collectionne, s’offre, se lègue. En 1837, Hermès débute sa conquête de la soie imprimée. Désormais, nouer un foulard, c’est dire sans un mot qu’on appartient à une certaine classe sociale

    20e siècle : entre glamour hollywoodien et poing levé

    Le foulard ne disparaît jamais vraiment. Il s’adapte, se transforme, change de place ou de texture, mais il reste là — reflet discret d’une époque, miroir d’un style ou d’une revendication. D’un accessoire de coquetterie à un signe d’émancipation, il épouse les mouvements, les modes et les luttes.

    • Années 20-30 : les « garçonnes » portent le foulard en bandeau. C’est moderne, audacieux, presque rebelle.
    • Années 50-60 : le foulard devient une pièce fétiche des icônes. Grace Kelly le porte pour cacher ses cheveux au vent, Audrey Hepburn le noue autour du cou : le style est là, irréfutable.
    • Années 70 : place aux turbans bohèmes, au foulard qui dépasse la mode pour dire la liberté.
    • Années 90 : il s’invite dans le rap, le RnB, les clips. Le bandana n’est plus un accessoire, mais un statement.

    Le tissu de toutes les femmes

    Symbole de pudeur, de panache ou de pouvoir ? Le foulard est tout cela. Et plus encore, il est aujourd’hui le reflet de choix assumés. Il se porte pour plaire, pour se protéger, pour se démarquer. Il traverse les siècles et les luttes comme un fil qui relie les femmes, dans leur diversité, leur féminité, leur liberté.

    Le plus beau foulard ? Celui qu’on choisit, qu’on noue selon son envie, qu’on détache sans honte et qu’on affiche comme un drapeau personnel.