- Oversize, seventies, power chic: décryptage d’une saison et 5 patrons couture pour la vivrepar Faustine
Adieu jupettes légères et tops d’été : la saison s’ouvre sous le signe de la puissance. Les podiums automne-hiver 2025-26 déroulent une silhouette quasi insurrectionnelle, comme un clin d’œil appuyé à l’iconographie des Black Panthers. Mais dans cette révolte visuelle, on perçoit aussi l’écho d’une élégance androgyne à la Diane Keaton : une manière d’imposer son style sans hausser la voix, avec une désinvolture charismatique et une allure implacable.
Chez Valentino, la fourrure se fond dans l’opulence seventies, portée avec des lunettes oversize et un parfum d’hédonisme. Gucci accentue cette veine rétro avec des silhouettes bohèmes et rebelles, où la fausse fourrure devient symbole de liberté. Prada, plus radical, en propose une lecture stricte et dramatique, jouant sur la tension entre douceur enveloppante et autorité.
Cette saison, la garde-robe convoque à la fois l’aura charismatique de Kathleen Cleaver et la désinvolture élégante de Diane Keaton : volumes monumentaux, matières radicales, lignes tranchantes. On ne parle plus de tendances, mais d’une déclaration visuelle, frontale et souveraine.
Cet hiver, la mode, s’empare du vocabulaire de la révolte et le traduit en luxe cinématographique. Une ode qui résonne comme un slogan : All Power to the People.
Et parce que la mode se vit aussi dans l’atelier, on vous propose cinq patrons exclusifs pour recréer chez vous les pièces phares et incontournables de l’hiver : la jupe crayon affûtée, le trench ultra stylé, le manteau en fausse fourrure, la veste tailleur ample et le blouson en cuir.
The Sharp Skirt
Icône indétrônable du vestiaire féminin, la jupe crayon s’impose cet hiver dans une version aiguisée, presque architecturale. Chez Carolina Herrera, elle s’illumine de sequins et d’appliqués précieux qui transforment la rigueur en éclat festif. Gucci la twiste d’un cardigan pastel, brouillant les lignes entre confort et discipline, tandis que Miu Miu la revisite en tweed brut, renforçant son austérité d’un souffle rétro académique. Fendi en signe deux lectures : sombre et sensuelle en cuir noir, ou baroque et scintillante lorsqu’elle se couvre de sequins. Enfin, Prada en adoucit les contours avec une chemise chocolat et une jupe vert clair, jouant la carte d’une féminité subtile et nuancée.
Plus qu’une pièce, elle devient une attitude : stricte mais brillante, sage mais subversive. Un classique qui s’autorise enfin l’excès.
De Joan Holloway à Peggy Olson, la jupe crayon a habillé toutes les ambitions. Ce patron en réactive le pouvoir couture, à décliner selon votre style.
The Rainmaker
Le trench s’impose cet hiver dans une version magistrale. Chez Fendi, il se dessine en proportions amplifiées, serré d’une fine ceinture qui structure le mouvement. Hermès en fait une pièce dramatique en cuir noir, entre film noir et sensualité nocturne. Paco Rabanne le détourne avec une fourrure décalée, brouillant les codes du classique. Ferragamo en propose une lecture chocolat, longue et sobre, où la pureté des lignes domine. Enfin, chez Nina Ricci, il devient cintré et sculpté, pensé comme une robe de pouvoir.
Le trench n’abrite plus de la pluie : il sculpte l’allure. Un geste de mode, entre ombre et éclat, pouvoir et désir.
Un clin d’œil aux silhouettes radicales des Black Panthers : ce patron de trench vous permet de revendiquer, à l’aiguille près, l’esprit charismatique de Kathleen Cleaver. (le patron version2025) ou (plus rétro ici)
Furry Queen
La fausse fourrure règne en maître cet hiver, s’imposant comme la pièce de caractère des podiums. Chez Zimmermann, elle puise dans une inspiration cinématographique, jouant les volumes texturés avec un romantisme assumé. Valentino la ramène aux années 70, pelucheuse et hédoniste, dans un souffle d’opulence rétro. Paco Rabanne la détourne en clin d’œil aux années 60, oscillant entre bourgeoisie sage et provocation pop.
Une fourrure théâtrale, parfois excessive, mais qui sait aussi incarner ce magnétisme tranquille qu’on retrouve chez Diane Keaton : une présence qui n’a pas besoin de crier pour s’imposer.
Envelopper, séduire, impressionner : la fourrure s’impose comme l’incontournable de l’hiver. Ce patron vous permet d’en recréer la version couture chez vous. (le patron ici)
Executive Ease
Le tailoring s’émancipe cet hiver : ample, souple, presque nonchalant, mais toujours impeccablement structuré. Tory Burch en propose une version oversize en lainage, sobre mais affirmée. Miu Miu revisite le tailleur rétro en tweed saumon, oscillant entre esprit d’archive et fraîcheur contemporaine. Ferragamo confirme cette tendance avec des blazers double-boutonnage aux proportions amplifiées, jouant sur la générosité du volume tout en gardant une coupe nette. Prada, fidèle à sa rigueur, en livre une déclinaison noire et architecturale, sèche et graphique.
Une nouvelle vision du costume se dessine : moins rigide, plus libre, mais toujours empreinte d’autorité.
Parce que le tailoring n’appartient pas qu’aux maisons de luxe, voici un patron qui permet d’apprivoiser l’oversize avec la désinvolture d’une vraie pièce de podium. (le patron ici) ou (là)
Oversized Leather Jacket
Cet hiver, le cuir prend de l’ampleur et s’éloigne des coupes rigides : il enveloppe, il protège, mais sans perdre de son edge. Chez MM6, la silhouette se fait boxy, épaules accentuées et proportions exagérées. Saint Laurent opte pour un bomber cuir nocturne, ample et désinvolte, pensé pour les nuits électriques. Missoni revisite l’allure étudiante en jupe mini et blouson oversize, clin d’œil au vestiaire rebelle des campus. Federica Tosi choisit une ligne plus hybride, entre manteau et blouson, allongée et subtilement cintrée.
Le blouson cuir oversize devient la pièce-attitude de la saison : un vêtement de présence, entre nonchalance et puissance.
Entre héritage biker et allure couture, le blouson cuir oversize se décline désormais en DIY. Ce patron vous guide pas à pas vers la pièce-attitude de la saison. (le patron)
- Foulard, Fétiche et Féminitépar Faustine
C’est un accessoire un peu oublié ces dernières années, mais qui refait surface grâce à l’icône phare de la mode Hailey Rhode Bieber, aperçue dans les rues de Los Angeles avec une casquette fixée à l’aide d’un foulard. Ce look ultra-branché n’a pas échappé aux maisons de couture, qui s’en sont emparées pour le faire revivre avec modernité et style dans leurs dernières collections.
Si l’on pensait à un simple effet de mode saisonnier l’année passée, il n’en est rien : le foulard sera toujours d’actualité cet hiver 2025/2026. Les silhouettes du dernier défilé Gucci ou Prada le confirment : l’accessoire vedette s’impose, noué, drapé, enroulé, sublimant les tenues les plus pointues.
Cet élégant morceau de tissu, autrefois omniprésent sur les podiums, réveille nos envies de coiffures à la Jackie Kennedy, avec ou sans casquette. Il est aussi l’occasion rêvée de recycler nos chutes de tissu et de s’offrir un projet couture aussi simple que tendance.
Retour sur l’histoire de ce carré de tissu qui a habillé les siècles sans jamais vraiment disparaître.
CHRONIQUE HISTOIRE / MODE
« Le foulard : le carré de soie qui traverse les siècles »
Parfois noué avec grâce, parfois imposé avec rigueur, tantôt coquetterie discrète ou revendication éclatante, le foulard est de ces accessoires qui racontent l’histoire des femmes sans jamais parler. Dans cette chronique, on remonte le fil du temps pour suivre la trajectoire de ce petit carré de tissu qui n’a jamais cessé de signifier beaucoup, sans jamais dire un mot.
Début d’histoire : quand couvrir devient se distinguer
À l’Antiquité, le foulard n’est pas un caprice de mode, mais une marque sociale. En Égypte comme à Rome, les femmes des hautes sphères se couvrent d’étoffes soigneusement drapées. La « palla » romaine, par exemple, signale qu’une femme est mariée. Les cheveux voilés deviennent donc langage silencieux de respectabilité.
Entre vertu et vertige religieux
Au Moyen Âge, couvrance rime avec dévotion. Dans les traditions chrétiennes comme musulmanes, le voile ou le foulard prend racine dans la morale. Cacher sa chevelure, c’est protéger son honneur. Mais attention : chaque pays, chaque époque, chaque texte réinvente le geste. Le foulard n’est jamais uniforme, toujours contextualisé.
Quand la pudeur flirte avec l’esthétique
De la Renaissance aux siècles classiques, le foulard s’orne, s’adoucit, se brode. Il se glisse dans les coiffures, se parfume parfois. La femme se couvre, oui, mais avec style. L’accessoire se charge alors d’élégance autant que de fonction.
19e siècle : la soie s’invite dans les dressings bourgeois
Avec l’essor de la soierie et l’industrialisation, le foulard devient objet de désir. Il se collectionne, s’offre, se lègue. En 1837, Hermès débute sa conquête de la soie imprimée. Désormais, nouer un foulard, c’est dire sans un mot qu’on appartient à une certaine classe sociale
20e siècle : entre glamour hollywoodien et poing levé
Le foulard ne disparaît jamais vraiment. Il s’adapte, se transforme, change de place ou de texture, mais il reste là — reflet discret d’une époque, miroir d’un style ou d’une revendication. D’un accessoire de coquetterie à un signe d’émancipation, il épouse les mouvements, les modes et les luttes.
- Années 20-30 : les « garçonnes » portent le foulard en bandeau. C’est moderne, audacieux, presque rebelle.
- Années 50-60 : le foulard devient une pièce fétiche des icônes. Grace Kelly le porte pour cacher ses cheveux au vent, Audrey Hepburn le noue autour du cou : le style est là, irréfutable.
- Années 70 : place aux turbans bohèmes, au foulard qui dépasse la mode pour dire la liberté.
- Années 90 : il s’invite dans le rap, le RnB, les clips. Le bandana n’est plus un accessoire, mais un statement.
Le tissu de toutes les femmes
Symbole de pudeur, de panache ou de pouvoir ? Le foulard est tout cela. Et plus encore, il est aujourd’hui le reflet de choix assumés. Il se porte pour plaire, pour se protéger, pour se démarquer. Il traverse les siècles et les luttes comme un fil qui relie les femmes, dans leur diversité, leur féminité, leur liberté.
Le plus beau foulard ? Celui qu’on choisit, qu’on noue selon son envie, qu’on détache sans honte et qu’on affiche comme un drapeau personnel.